Édito LLC 21
Un arbre géant
La vannerie pourrait être considérée comme un arbre géant aux multiples ramifications. Autant de branches autonomes mais qui pourtant ont des liens. Des liens pas toujours évidents pour des disciplines tellement dissemblables que l’on s’étonne parfois qu’elles appartiennent à la même grande famille, au même arbre !
Dans ce numéro vont se côtoyer la vannerie fine et très fine, celle rustique en fil de fer et celle que l’on a pu pratiquer enfant sur les bancs de l’école, la simplissime vannerie de rotin sur fond plein.
Comment caractériser chacune d’elles, sans porter de jugement de valeur ? Pas facile, nous touchons à des univers différents, dont les objectifs sont à des années lumière les uns des autres… Les vanneries fines et très fines sont sans doute un aboutissement. L’excellence en quelque sorte ! La recherche d’une perfection, celle de difficultés croissantes que l’on s’impose pour mieux trouver ses propres limites…
Une quête qui demande de gros efforts et du temps. Une discipline imposée à son corps (à ses yeux, à ses mains, à son dos) et à son esprit, qui dans cet exercice-là n’a pas trop la possibilité de vagabonder ! Néanmoins, parmi ceux qui pratiquent ainsi la vannerie de haut vol, tous le disent, la vannerie fine remplit de satisfaction, de joie et de bonheur… La vannerie en fil de fer, jouit d’un statut moins glorieux.
Trop souvent décrite comme une technique « bâtarde » qui mélangerait des matériaux nobles et d’autres qui ne le seraient pas, elle a plus de difficultés à se faire une place au soleil. Et pourtant, elle ne démérite pas. Elle répond à ce besoin si essentiel, qu’il en est vital, d’une vannerie utilitaire fonctionnelle, robuste, facile à réaliser par soi-même, sans être un ou une vannière aguerri-e. Elle ne manque donc pas d’atouts ni de qualités ; c’est pourquoi elle a encore des adeptes, capables de perpétuer des gestes qui demain encore nous seront d’une grande utilité. Cette vannerie est l’ancêtre de techniques contemporaines de récupération donnant une seconde vie à des matériaux qui sans cela finiraient à la déchetterie… Cette vannerie-là mérite bien mieux que le regard étroit qu’on lui porte ; et elle remplit de satisfaction, de joie et de bonheur ceux qui la pratiquent ! Quant à la dernière de nos trois larronnes, surtout ne la négligeons pas, elle est le maillon faible de la chaîne de transmission. C’est sans doute pour l’avoir négligée que la discipline vannière toute entière a vu son lot de vocations se tarir rapidement au siècle passé. Cette vannerie-là, si simpliste soit-elle, éveille le jeune regard ; elle donne de la confiance aux petits doigts encore malhabiles, elle ouvre les portes de la création et construit l’individu… Regardez le sourire de la petite Victoria (p. 18) et vous comprendrez que cette vannerie-là remplit de satisfaction, de joie et de bonheur ceux qui la pratiquent ! Il est bien là notre lien entre ces trois branches (parmi plein d’autres) d’un arbre gigantesque qui chaque trimestre nous étonne par sa diversité…
Un panier fini, quelle que soit la technique utilisée, on le fait d’abord avec le cœur et il porte en lui une partie de notre âme. C’est d’abord une création personnelle, un petit être que l’on vient de faire naître et que l’on admire avec le regard bienveillant de parents comblés. Oui, la vannerie remplit de satisfaction, de joie et de bonheur ! Belle rentrée à tous.
La rédaction