Édito du n° 5 : Un hier qui n’est pas si loin !
Un hier qui n’est pas si loin !
Tout le monde en conviendra, l’avenir appartient à la jeunesse…
Ceux qui feront demain ont, aujourd’hui, entre 0 et 30 ans, maxi… C’est-à-dire l’âge d’être scolarisé et de faire des études, jusqu’à celles dites supérieures (supérieures? mon œil, les seules études qui méritent ce qualificatif ne sont-elles pas celles de la vie ?…). L’avenir de la vannerie n’échappe pas à la règle, et c’est bien une Ecole Nationale d’Osiériculture et de Vannerie (voir dossier p. 30 et LLC n° 2) qui a formé et forme encore de nombreux vanniers professionnels en France. Ce fut aussi le cas en Hollande, en Pologne, en Allemagne et ailleurs.
Mais comment donner le goût au plus grand nombre ? Comment déceler des passions ? Comment révéler des talents et des vocations? Comment faire en sorte de transmettre ce virus qui nous a contaminés, nous, il y a 1, 10 ou 50 ans déjà ?
En nous souvenant de nos jeunes années. Après tout, cet hier n’est pas si lointain. Pour certains d’entre nous, les travaux manuels faisaient encore partie intégrante des programmes scolaires.
Éducation et culture…
À cette époque, la société tout entière n’avait pas honte du travail besogneux de ses artisans. On était pourtant déjà sur une pente dévalorisante ; mais bon, à cette époque, on pratiquait encore la vannerie de rotin sur les bancs de l’école primaire, ce n’était pas si mal… Or, aujourd’hui, de nombreuses ini- tiatives tentent de renouer avec ce concept, et font en sorte que dans l’esprit des petits et des grands, le travail manuel soit tout au moins aussi respectable que l’intellectuel !
Aujourd’hui, évolution des sociétés et prise de conscience écologique obligent, on va être tenté de remplacer le rotin par des matériaux locaux ou de récupération… Qu’importe, l’important c’est de transmettre un savoir technique et d’ouvrir l’esprit des jeunes sur leur capacité à créer de leurs mains. Ça, ils ne devraient pas l’oublier de sitôt ; même s’ils n’en prennent conscience qu’à l’âge adulte ! Permettre aux enfants de découvrir la vannerie, et ils y sont prêts, constitue donc un pari sur l’avenir qu’il est important de relever. Vannières et vanniers, nous avons notre rôle à jouer, l’investissement est incontournable, il nous faut soutenir ces maîtres et maîtresses pleins de bonne volonté, les former et les accompagner. Ou même initier dans l’école fréquentée par nos enfants et petits-enfants, des ateliers reposant sur nos interventions bénévoles… L’évidence s’impose, comme s’impose la nécessité de faire la chasse aux idées reçues, en particulier celle qui veut que la vannerie soit un artisanat du passé et dépassé… Tout dans ce numéro de rentrée nous montre le contraire, que ce soit les récits d’expériences en milieu scolaire, le portrait de Lois, vannière contemporaine, qui n’a pas peur de bousculer les habitudes ancestrales, ou le portfolio de Jacques, préhistorien, qui nous montre à quel point nos racines vannières sont profondément ancrées dans notre culture !
Culture et éducation, comment dissocier les deux ? Impossible bien sûr, il est donc normal qu’elles soient les deux axes majeurs de cette rentrée, que nous souhaitons à tous très prolifique. Pour que vive encore longtemps la vannerie !
B. B.