Édito LLC 33 – « Garder les pieds sur terre ! »
Édito
Il y a quelque temps, discutant avec un papillon – ça m’arrive – je lui racontais ce qu’un ami m’avait dit quelques jours plus tôt. Alors que je lui demandais des nouvelles, inquiété par les informations provenant de son département et largement diffusées dans les médias, il m’avait répondu :
« Vigilance et prudence sont de rigueur, mais le département (la Mayenne) n’est pas plus en crise qu’ailleurs. Le matraquage des informations fait que nous sommes considérés comme des pestiférés. Il est évident que la généralisation des tests multiplie les cas positifs. Restons les pieds sur terre, certains vacanciers mayennais se sont fait rejeter et beaucoup de personnes changent l’immatriculation de leur véhicule. On approche de la démence. »
« Voilà qui fait froid dans le dos » me dit le papillon, constatant que les dégâts du coronavirus allaient bien au-delà des aspects sanitaires et économiques. En effet, ils sont aussi profondément sociaux et pas uniquement du point de vue du chômage. Peur et culpabilité sont insidieusement instillées dans les esprits. Devient paria celle ou celui qui tente de se forger une opinion par elle ou lui-même. En terme de sociologie et de politique, cela s’appelle objectivement une dérive totalitaire. Trop rares sont ceux qui s’en émeuvent.
Cela dit, ne pas tomber dans la parano pour ne pas sombrer dans la démence évoquée précédemment, est salutaire. Mieux vaut résister que déprimer. Tresser, entrelacer, créer des ponts est donc essentiel. Malgré l’annulation de nombreuses rencontres, des fêtes de vannerie (pas toutes !) et des festivals, il est important de garder le contact et de continuer à tresser du lien… Voire de raccommoder ceux que le temps a usés.
Le confinement de printemps, en nous donnant du temps libre, a permis à nombre d’entre nous d’approfondir nos connaissances et nos pratiques, une aubaine appréciable. Dans le même temps, d’autres, novices ceux-là, découvraient l’art de la vannerie, ses difficultés, mais aussi ses bienfaits sur le corps et l’esprit. Pour beaucoup, la vannerie est devenue un soutien, à même de faire oublier l’isolement. Une thérapie en quelque sorte. Ce nouveau numéro de LLC en est le reflet, nous espérons qu’il satisfera votre curiosité et alimentera votre fertile imagination pour aller toujours plus loin dans le tressage de liens vivaces et solides… De ceux qui permettent, comme me l’a dit ce papillon « de garder les pieds sur terre ».
BB, le 10 août 2020