Édito : Patrimoine immatériel

L’UNESCO a classé parmi le Patrimoine Culturel Immatériel (PCI) de l’Humanité, les artisanats populaires traditionnels. (voir l’introduction du dossier p. 14). Son intention est louable, protéger les savoirs et savoir-faire, afin qu’ils soient transmis aux générations futures…

Le travail est énorme ! 
Les savoir-faire que nécessite la fabrication des vanneries sont nombreux et de plus en plus menacés, on en a à nouveau une très belle illustration dans ce numéro de LLC avec le second volet du dossier « Massette ». Même les savoirs académiques, ceux enseignés à l’école, (travail du rotin dans le primaire, ou cours de l’ENOV et ceux du Lycée des métiers d’art de Villeurbane) ne sont plus portés par un secteur dynamique. Certes, il y a des sursauts et si vous lisez ces lignes c’est que vous faites partie de cette dynamique actuelle qui redonne un souffle nouveau à notre discipline favorite. Beaucoup de savoirs ne sont plus transmis qu’oralement et souvent partiellement, car bien sûr si on peut transmettre une technique, le savoir-geste, ce fameux tour de main qui fait toute la différence entre deux individus, ne s’acquiert que par l’expérience. Certains de ces savoirs sont très spécifiques, ils peuvent être liés à une culture comme à un matériau, ou les deux à la fois… Le meilleur exemple qui me vient à l’esprit ce sont ces vanneries méditerranéennes, dites à deux nappes superposées, que l’on retrouve en Italie, en Crète, en Corse, en PACA ou en Catalogne (voir LLC 11, article Lou pescadou du Lavandou, Blaise Obino).
 D’autres sont carrément universels, comme le travail en nappes entrelacées (proche du tissage) ou celui sur croisée, qui est pratiqué partout autour du monde. Et ils le sont avec une diversité de variantes remarquable et avec des matériaux très divers, de l’osier au bambou, en passant par le jonc. Il est important de retenir que si les techniques sont parfois (souvent !) universelles, le choix des matériaux lui, est d’abord opportuniste : de leur présence et de leur abondance dépendra leur utilisation !

Si l’UNESCO a éprouvé le besoin d’adopter cette convention, ce n’est pas par fantaisie. Ces représentants, comme nous-même pouvons le constater, soulignent les menaces qui pèsent sur la transmission des savoir-faire. Celles-ci sont multiples, elles vont de la mondialisation du commerce industriel, à la disparition des ressources, à leur saccage, mais aussi à l’impossibilité de valoriser le travail artisanal comme il devrait l’être… Parfois aussi, de plus en plus rarement heureusement, à la volonté de ne plus transmettre les gestes pourtant appris auprès des anciens. En fait, nous avons tous des efforts à faire pour que les savoirs circulent… Nous ne sommes détenteurs d’aucun d’eux, ils sont un bien commun dont nous ne sommes que les passeurs.

Le programme de l’UNESCO est ambitieux, il mériterait que l’on s’y intéresse beaucoup plus qu’on ne le fait, en France et ailleurs. Monter des projets spécifiques, qui correspondent à nos besoins et à nos aspirations, serait une belle manière de contribuer à cette dynamique. Or pour l’instant, un seul projet a vu le jour autour de la vannerie, en Europe de l’ouest, Viva basket, un projet porté par quelques pays seulement, dont la Pologne, le Danemark et la Norvège sont les principaux acteurs.

À travers l’exemple de l’Écomuseo delle erbe palustri, Maria-Rosa et Luigi nous montrent d’autres initiatives. Espérons que ce nouveau LLC suscite lui aussi d’autres vocations.

 

Édito du LLC n° 12 (juin 2015).


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