Le bouyricou – le tutoriel du Lien Créatif numéro 30
L’art de la tresse spiralée
Réaliser un bouyricou sans maîtriser l’art de la tresse spiralée est très difficile. Pour en faciliter l’apprentissage, Philippe nous propose un pas-à-pas sur une corbeille beaucoup plus simple à réussir qu’un panier.
Le tressage d’un bouyricou, on l’a dit, s’appuie sur la technique de la tresse à trois brins (ou faisceaux de brins), montée en spirale. Les tours de spirale sont reliés entre eux par des brins passifs, inclus dans le tressage. De cette manière on obtient des surfaces et/ou des volumes ajourés. Ils sont solides et servent de contenants utilitaires et décoratifs. La technique de la tresse à 3 brins est universelle (c’est la tresse à cheveux !). Celle spiralée beaucoup moins et principalement développée dans les régions méditerranéennes, mais aussi en Afrique.
La construction est toute intuitive
Elle fut déclinée en de nombreuses variantes, s’adaptant aux matériaux locaux (osier, sparte, joncs). Une forme simplifiée est connue sous le nom de « technique burkinabé – (C) » (cf. LLC n° 24, La tresse spiralée). Le principe de ce travail étant défini, reste à le mettre en pratique. Et là, comme Philippe a pu s’en rendre compte lors de son laborieux apprentissage. Autant la tresse à 3 brins est simple à réaliser, autant démarrer un bouyricou est compliqué. Plus d’un s’y sont cassé le nez… Et ce panier reste pour les non-initiés une espèce de « quête du graal » dans laquelle on n’ose pas se lancer ! Ceux qui franchissent le pas sont rares. « La difficulté, explique notre bouyricounayre, c’est que la construction de cette vannerie est toute intuitive. Elle ne repose sur aucun schéma mathématique classique ». Oubliés le devant/derrière, devant1/derrière2, dessus3/dessous5, etc. La tresse suit bien un ordonnancement, mais c’est l’instinct qui décide quand ajouter ou non de nouveaux brins. Aussi pour agrandir ou non le diamètre de la tresse, utiliser tel brin actif, plutôt que tel autre, etc.
« Il n’y a pas de règles »
En fait, il n’y a pas de règles pour faire un bouyricou, mais de la méthode. Le choix des matériaux est essentiel, son tri primordial pour un résultat parfait. Si les osiériculteurs trient leur marchandise par bottes toisées par tranches de 20 cm (100, 120, 140, 160, etc.) Philippe le fait par tranche de 5 cm. C’est-à-dire qu’il trie 4 longueurs par botte ! Le diamètre des brins fait l’objet de tout autant d’attention, nous le verrons dans le pas-à-pas qui suit. Quant à la variété, plus il est souple, mieux c’est ! Les couleurs permettent des panachages intéressants, mais certaines couleurs, comme le marron, ne se vendent pas, a constaté le vannier. Alors il les évite ! Quant à faire un bouyricou en osier blanc, les anciens ne le faisaient pas. Philippe respecte ce choix, mais c’est bien évidemment possible.